Il est vrai que Moïse Katumbi est rentré à Lubumbashi, mais cette vidéo date de 2019
Une ancienne vidéo refait surface sur les réseaux sociaux en République démocratique du Congo (RDC) depuis 23 octobre. Elle prétend montrer sur le réseau social X (ex-Twitter) le retour du candidat à la présidentielle Moïse Katumbi dans la ville de Lubumbashi, dans la province du Haut-Katanga, dans le sud-est du pays alors qu’en réalité, elle date de 2019.
Citation : « Heureusement pour Félix il n’y aura pas élections sinon !!! Retour de @moise_katumbi à Lubumbashi !!! », déclare l’auteur de la publication. Partagée depuis le lundi 23 octobre, la vidéo est devenue virale a fait jusqu’ici plus de 30.000 vues, 442 j’aime , 91 partages et plusieurs commentaires.
Cette vidéo est partagée alors que l’opposant et candidat à la présidentielle du 20 décembre prochain, Moïse Katumbi a regagné la ville de Lubumbashi le même lundi 23 octobre 2023 où il a été accueilli par des milliers de ses partisans.
Les faits :
Tout d’abord, les commentaires des internautes nous ont poussé à douter de la crédibilité de cette vidéo qui a été largement visionnée. La plupart d’entre eux ont réagi en disant qu’il s’agit d’une vieille vidéo. C’est ainsi que nous avons résolu de lancer les recherches.
Avec Google image inversée, nous avons retrouvé les images familières de ce qui a été partagée par cet internaute.
D’après nos recherches, la vidéo date du 20 mai 2019, le jour où Moïse Katumbi, jadis allié puis adversaire de l’ancien président Joseph Kabila, arrivait dans la province du Katanga ( actuellement Haut-Katanga ) trois ans après son départ, en pleine tourmente judiciaire.
Les indices
En effet, une autre vidéo qui reprend les mêmes angles que la vidéo partagée par cet internaute nous permet de comprendre que la vidéo a été partagée en 2019. Une partie de la vidéo a été compilée dans cette vidéo diffusée en 2020 dont l’auteur précise « 20 Mai 2019, le retour du Président Moïse Katumbi en RDC par Lubumbashi, après une longue période d’exil. Un jour historique », a-t-elle écrit.
« Parfois les partis et les campagnes politiques utilisent la manipulation de l’information pour amplifier faussement des contenus pour atteindre un public plus large en voulant montrer qu’ils ont plus de soutien public qu’en réalité », commente Ange Kasongo, spécialiste en Fact-checking
Sur la vidéo diffusée sur Tv 5 monde en la même date, l’on peut apercevoir la même foule de militants brandir les rameaux, habillés en blanc comme leur leader Moïse Katumbi.
Par ailleurs, au milieu de la foule brandit le drapeau jaune de l’Union des nationalistes et fédéralistes (l’UNAFEC), parti politique du feu Gabriel Kyungu, décédé en 2021.
Le parti politique cité était encore dans l’opposition
A l’époque, l’UNAFEC faisait partie des partis politiques du G7, ces partis qui ont été exclus de la majorité pour avoir refusé un troisième mandat de Joseph Kabila. Ainsi, Antoine Gabriel Kyungu wa Kumwanza, seul leader du « G7 » à résider à Lubumbashi était chargé de la mobilisation des masses. Moïse Katumbi faisait aussi partie des leaders de ce florilège.
En 2019, lorsque Moïse Katumbi rentre au pays après l’exil forcé, le partis politiques du G7 lui apportaient tous leur soutien.
Mais actuellement, L’UNAFEC fait partie de l’Union Sacrée, plateforme politique de l’actuel président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, alors que Katumbi s’oppose au régime en place. Ce parti politique a même désigné Félix Tshisekedi comme son candidat à la présidentielle du 20 décembre prochain.
Alors que sur les vidéos publiées sur l’arrivée du candidat Moïse Katumbi à Lubumbashi, on peut voir comme par ici ou encore là , la population brandir le numéro 3 attribué à leur président pour les élections. Une autre vidéo éclaire encore plus la lanterne.
À propos de la tenue des élections en RDC
Concernant l’affirmation selon laquelle il n’y aura pas d’élections en RDC. C’est faux. La CENI a confirmé la tenue des élections en décembre prochain.
Le président de la république Félix Tshisekedi avait confirmé aussi la tenue de ces scrutins lors d’une rencontre avec la presse internationale organisée en marge de la 78ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Contexte
La République démocratique du Congo s’apprête à élire un nouveau président à la tête du pays le 20 décembre prochain. La commission électorale nationale indépendante (CENI) a publié la liste provisoire des candidatures à l’élection présidentielle de décembre prochain. Cette liste va être examinée par la Cour constitutionnelle. La liste définitive des candidats sera publiée le 18 novembre, à la veille de l’ouverture officielle de la campagne électorale. Parmi les candidatures provisoires, reçues par la Céni entre le 9 septembre et le 8 octobre, 16 sont indépendantes. Six candidatures sont portées par des partis politiques et deux représentent des regroupements politiques.
Écrit par : Asaph Mawonda
Relecture : Moïse Esapa