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Le communiqué de presse attribué à la fédération LGBT pour soutenir un candidat gouverneur en RDC est fabriqué

Johan Cavirot, présenté comme président de l’organisation dans le prétendu communiqué a démenti l'information.

Un internaute a publié mardi 16 avril un prétendu communiqué de presse de la communauté “Les minorités sexuelles et de genre”, connues sous le sigle LGBT I+ sur le réseau social X affirmant que la communauté LGBT France soutient la candidature d’une personnalité publique au poste de gouverneur de la ville de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo. Attention cependant : ce communiqué est fabriqué.

 

 

Ce prétendu communiqué de presse renseigne que la communauté LGBT France apporte son soutien à Déo Kasongo et appelle toute la communauté LGBT congolaise à soutenir ses ambitions politiques pour la protection de « nos droits ».

Les minorités sexuelles et de genre, connues sous le sigle LGBT ou d’autres variantes (LGBTQIA+, MOGAI), correspondent aux personnes notamment lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, queer, intersexes et asexuelles, c’est-à-dire celles qui ne sont pas hétérosexuelles, pas cisgenres ou pas dyadiques.

Cette publication a été vue par plus de 600 internautes en date du 17 avril 2024.

Citation : « Les Kinois l’heure est grave voilà cette lettre que nous avons la communauté LGBT France soutien Déo Kasongo comme gouverneur si vous ne savez pas le LGBT est une communauté des homosexuels dès le Mr est à l’exécutif de kin cette pratique sera officielle », a déclaré l’internaute.

 

Pourquoi le communiqué attire l’attention des internautes en RDC

 L’homosexualité n’est pas pénalisée en RDC mais reste peu acceptée par la société et la question peu abordée dans les discussions au quotidien. Le Congo ne fait pourtant pas partie des 32 pays africains sur 54 qui punissent l’homosexualité, selon des données de 2020 de l’Association internationale des personnes lesbiennes, gay, bisexuelles, trans et intersexes (ILGA World)

 

 

Les faits :

En observant le texte du prétendu communiqué de la Fédération LGBTI+, nous avons relevé plusieurs fautes d’orthographe et de grammaire.

Nous avons effectué une recherche sur les comptes X et Facebook de la Fédération LGBTI+ et nous n’avons pas retrouvé le prétendu communiqué de presse, selon la date mentionnée dans le document.

Il n’y a qu’une seule publication faite le 14 avril dernier sur le compte X et Facebook de ladite structure. Elle parle d’une réunion de conseil d’administration de la Fédération LGBTI+ à Lyon pour deux jours des travaux avec la préoccupation du service à rendre à l’ensemble des Centres LGBT+.

Aussi, le modèle de présentation des communiqués de la Fédération LGBTI+ diffère de celui partagé par l’internaute.

Nous avons également constaté que l’internaute a emprunté l’image utilisée par cette organisation pour annoncer des communiqués de presse. Ce qui ne ressemble nullement au modèle des communiqués de l’organisation.

Nous avons effectué des recherches d’images inversées avec Google image, Yandex et Bing. Elles permettent de voir si l’image qui fait l’objet de l’enquête a circulé avant sur Internet et nous n’avons pas retrouvé le prétendu communiqué de presse sur Internet.

Nous avons aussi trouvé le nom « Johan Cavirot », présenté comme président de l’organisation dans le prétendu communiqué ainsi qu’une signature.

Une recherche sur Google avec le mot clé « Johan Cavirot » nous a permis de savoir que Johan Cavirot est plutôt président de FLAG! depuis 2019, une association LGBT+ des ministères de l’intérieur et de la justice lutte contre les LGBT- phobies et les discriminations ; soutien et défense des victimes. Il n’a rien à voir avec la Fédération LGBTI+.     

Sur X, nous avons d’ailleurs trouvé une publication où Johan Cavirot dément ce prétendu communiqué de presse.              

«  C’est d’autant plus une #Fakenews que je n’ai jamais été membre de la @FederationLGBTI et encore moins son président, je n’ai jamais eu de numéro en 05 et je n’ai aucun contact avec le Congo. Rien ne va dans ce document, y compris assimiler les LGBT+ au diable », a-t-il écrit sur son compte X.

 

Qu’entendons-nous par LGBT?

Des recherches sur Google nous ont conduit sur cestcommeca.net. Ce site web se présente comme « un site de l’association SOS homophobie pour tous les adolescents et toutes les adolescentes qui sont bi·e·s, lesbiennes, gays, qui ne se sentent pas strictement hétéros, qui sentent un décalage par rapport au genre qui leur a été assigné, ou qui se posent des questions. Nous avons voulu réunir un ensemble d’informations, de témoignages, de conseils, de références de livres, films, bd, chansons, etc., qui parlent d’orientations amoureuses et d’identité de genre ».

Ce site Internet de l’association SOS homophobie renseigne que le terme LGBT est un sigle utilisé pour désigner l’ensemble des personnes non strictement hétérosexuelles et cisgenre, en regroupant les lesbiennes (d’où le L), les gays (G), les bisexuel·les (B) et les trans (T).

D’après la même source, le sigle LGBTQI intègre en plus les personnes se définissant comme queer (Q) et celles qui sont intersexuées (I). 

Le sigle le plus extensif actuellement, est LGBTQQIAAP. Il inclut les personnes qui se posent des questions (Q pour “questionning” en anglais), les asexuel·le·s (A), les allié·e·s (A pour celles et ceux qui luttent auprès des LGBT contre l’homophobie) et les pansexuel·le·s (P pour les personnes qui peuvent être attirées par toute autre personne sans distinction de sexe ou de genre : femme, homme, non-binaire qu’elle soit cis, trans ou intersexuée), ajoute la même source.

« Pour faire plus court, on utilise l’abréviation inclusive LGBT+ », précise cette organisation sur son site Internet.                       

                 

Contexte

Ce communiqué est donc un faux document. Par ailleurs, il trouve son contexte dans une période d’élection des gouverneurs et vices-gouverneurs prévue le 29 avril prochain en République démocratique du Congo.

Déo Kasongo, candidat gouverneur cité dans le prétendu communiqué, est considéré comme l’un des favoris pour succéder au gouverneur, Gentiny Ngobila, d’après actualité.cd. Il a été invalidé par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), ensuite réhabilité par la Cour d’appel de Kinshasa-Gombe pour l’élection prévue lundi 29 avril prochain, rapporte infos.cd. Au total, 31 candidats gouverneurs sur la liste, d’après la même source.

 

 

Ecrit par : Christian Malele et Kerene Yala

Relu par : Moise Esapa

Edité par : Ange K

 

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