Non, le vaccin contre Mpox n’a pas été fabriqué en attendant son apparition en Afrique pour des tests

Le vaccin contre la variole du singe, monkeypox, n’a pas été fabriqué en attendant son apparition pour que soient réalisés les tests en Afrique. Les 10 000 premiers vaccins contre la variole devraient enfin arriver la semaine prochaine en Afrique. 

Un internaute a affirmé sur le réseau social X, ex-Twitter que « le vaccin était déjà prêt depuis longtemps et n’attendait l’annonce mondiale de l’apparition du Mpox, et par Hasard c’est encore en Afrique qu’on viendra faire des tests ». Après vérification de notre rédaction, aucun vaccin n’a été fabriqué au préalable en destination d’Afrique pour des essais cliniques. Les 10 000 premières doses qui vont en Afrique sont destinées au Nigeria et non au Congo après avoir été rendu disponible dans plus de 70 pays en dehors du continent africain.

 

C’est sur ce compte qui compte une petite centaine d’abonnés que cette nouvelle a été publiée le 20 août dernier. 

Citation : « Si je comprends bien ce vaccin était déjà prêt depuis longtemps et n’attendait l’annonce mondiale de l’apparition du Mpox, et par Hasard c’est encore en Afrique qu’on viendra faire des tests de ce vaccin »

Capture d’écran prise par Balobaki Check le 23 août 2024

Les faits :

En menant nos recherches, une dépêche de l’agence Britannique de presse Reuters datant du 22 septembre 2022 renseigne qu’après la propagation d’une souche de variole de singe différente en dehors de l’Afrique, les vaccins contre la variole ont été approuvés par les autorités de réglementation et utilisés dans environ 70 pays à revenu élevé ou intermédiaire afin de protéger les personnes les plus exposées

Selon les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies CDC, en 2022 les vaccins ont été administrés à 1,2 million de personnes rien qu’aux États-Unis pour lutter contre le Mpox.

Pendant que les citoyens s’interrogent sur l’utilité et la fiabilité des vaccins, les autorités congolaises mobilisent la communauté internationale pour y recevoir. 

« Nous nous attendons à plus d’équité. Un problème d’équité s’est toujours posé dans l’acquisition et la distribution de vaccin, d’abord c’est un vaccin rare et les pays riches s’accaparent les stocks de vaccin, nous avons connu la même situation avec la menace de la grippe aviaire, l’Europe avait payé en avance pour avoir les vaccins et en Afrique on n’avait rien. Et si cette épidémie était grave, les populations africaines auraient pu être décimées ; nous nous attendons à plus d’équité », a déclaré le virologue Jean-Jacques Muyembe, directeur de l’Institution nationale des recherches ; 

Le ministre congolais de la Santé avait déclaré au cours d’un point de presse auquel BALOBAKI CHECK avait pris part que le pays avait besoin de 3 millions de doses de vaccin, ce qui représente un budget de 600 millions de dollars. Le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a autorisé un premier déboursement de 10 millions de dollars pour lutter contre l’épidémie de variole dans le pays, a déclaré la présidence dans un communiqué jeudi. 

Sur le continent africain le vaccin de lutte contre la variole du singe n’est toujours pas disponible en quantité suffisante. Le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies CDC évalue qu’il y a environ 200 000 doses disponibles, alors qu’il en faudrait au moins 10 millions, selon les plans de vaccination des pays concernés.

Cependant deux vaccins sont utilisés pour lutter contre le Mpox, tous deux recommandés par le groupe stratégique consultatif d’experts sur la vaccination SAGE, de l’Organisation mondiale de la santé OMS. 

« Aujourd’hui, le vaccin principal qui est utilisé est celui qui combat la variole, et qui n’a donc pas été élaboré spécifiquement contre le Mpox. Mais comme il s’agit de virus proches, on s’est rendu compte que ce vaccin protégeait aussi contre le Mpox. Au moment de l’épidémie en 2022, la campagne s’était révélée très efficace. Une étude publiée dans la revue The Lancet le 31 juillet a d’ailleurs montré que le déploiement rapide de cette vaccination parmi les hommes qui ont des rapports sexuels avec d’autres hommes, et qui figurent parmi les plus touchés par le virus, permet de réduire de 99 % le risque de Mpox », démontre l’infectiologue française, spécialiste du VIH, des hépatites et de la Covid-19, Karine Lacombe cité dans un article du journal Français Libération. 

En République démocratique du Congo actuellement épicentre du virus de variole du singe, a atteint jusqu’au vendredi 23 août 2024 la barre selon le CDC Africa, de 17 342 cas suspects, 3 167 cas confirmés de mpox en laboratoire par l’Institut national de santé publique, et 582 morts. « C’est plus que la totalité des cas de toute l’année 2023 », prévient à Le Monde le docteur Louis Albert Massing, coordinateur médical de Médecins sans frontières (MSF) pour tout le territoire.

Les États-Unis a promis un don de 50.000 doses de vaccins en faveur de la République démocratique du Congo pour faire face la variole du singe contre (Mpox )

« L’obstacle pour le vaccin en RDC, c’est d’abord la disponibilité des vaccins et l’acceptation du vaccin par la communauté », Jean-Jacques Muyembe 

Le docteur Jean -Jacques Muyembe est l’un des scientifiques congolais ayant été l’un des co-découvreurs du virus Ebola en 1976. Nous nous sommes entretenus avec lui à ce sujet « L’obstacle pour le vaccin en RDC, c’est d’abord la disponibilité des vaccins et l’acceptation du vaccin par la communauté, nous avons vu avec le COVID 19, le vaccin était disponible mais la population n’en voulait pas. Et puis, nous devons déterminer le groupe que l’on va vacciner », a-t-il analysé 

 

LIRE :

Non, “MPOX n’est pas le nouveau COVID-19”, précise l’OMS

 

Le  13 août 2024, le Centre Africain de Prévention et de Contrôle des Maladies Africa CDC, déclarait que le Mpox constituait désormais une urgence de santé publique continentale. Africa-CDC s’est engagé à livrer 10 millions de doses de vaccin Mpox d’ici 2025, marquant un engagement important pour renforcer la sécurité sanitaire sur tout le continent. Pour soutenir cet objectif ambitieux, Bavarian Nordic s’est associé à Africa CDC pour améliorer les capacités de fabrication de vaccins en Afrique.

 

Conclusion : l’affirmation de l’internaute « Si je comprends bien ce vaccin était déjà prêt depuis longtemps et n’attendait l’annonce mondiale de l’apparition du Mpox, et par Hasard c’est encore en Afrique qu’on viendra faire des tests de ce vaccin » est fausse. Le vaccin contre la variole du singe, monkeypox, n’a pas été fabriqué en attendant son apparition pour que soient réalisés les tests en Afrique. Les 10 000 premiers vaccins contre la variole devraient enfin arriver la semaine prochaine en Afrique.

Contexte

Alors que l’épidémie de mpox est « active » dans 13 pays du continent africain, la République démocratique du Congo représente à elle seule plus de 90 % des 3.500 cas confirmés de variole simienne dans la région, a souligné jeudi l’OMS, notant que parmi les pays touchés sur le continent, le niveau de prévalence n’est pas le même. 

Le Mpox ne cesse de se propager en travers la République démocratique du Congo. Les provinces les plus touchées sont selon le conseil des ministres au pays du 16 août 2024 : Equateur, Sud-Kivu, Nord-Kivu, Sud-Ubangi, Tshuapa, Sankuru, Mongala et Tshopo. 

 

 Cet article de vérification de faits a été rédigé par BALOBAKI CHECK 

 Écrit par : Glodi Mirembe, Relecture : Moïse Esapa  Édité  par  :  Ange Kasongo 

 

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